PARCOURS

Ghislain Picart, quarante quatre ans, originaire de l’île de France, je suis décédé le 6 juin 2018.

Ma vie d’homme :

Avant de parler de mes créations, des  choix sur la manière d’exprimer mes sentiments, mes frustrations, il est préférable de faire le point sur mon passé et l’influence de celui-ci sur ce que je crée à présent.

Depuis que je suis jeune, l’atmosphère était très sombre, mes parents devaient faire face à la maladie (la mucoviscidose) de quatre enfants. J’ai très vite compris que cette maladie ne nous donnerait aucune chance de vivre comme les autres. Les occasions de s’épanouir, de rire étaient très rares. Chaque jour, nos conversations se limitaient aux traitements de chacun. Plus le temps passait, plus la maladie progressait. Deux de mes frères, sont décédés avant mes dix-neuf ans, ils n’ont pas eu la chance d’être greffé. Par contre, mon dernier frère, malgré sa grande détermination à vouloir survivre, mourra après un an de greffe d’un rejet.

Le manque de souffle est très contraignant dans mon quotidien. Je me traine avec beaucoup peine dans cette société qui n’est pas faite pour moi. Dès ma naissance, je suis voué  à vivre dans une réalité qui me dépasse.  J’apprends  peu à peu à voir l’ampleur de la tâche qui m’est confiée.

Dans la mucoviscidose, on peut dire qu’elle ne détruit pas seulement les poumons, mais aussi les autres organes, car chaque traitement  que l’on ingère comporte des effets secondaires plus ou moins contraignants, comme la surdité, baisse de l’acuité visuel, le diabète et plus encore.  J’espère  néanmoins que le traitement suivant ne m’ handicape pas d’avantage ou bien qu’il ne soit pas le dernier. Chaque heure de la journée rentre dans un programme défini à l’avance qui ne nous permet pas la moindre erreur. Le temps à une autre signification lorsque l’on souffre. Malgré le monde autour de moi, je suis seul face à la maladie. Mais au-delà de la souffrance physique, c’est mon moral qui est le plus atteint.

Je n’ai pas beaucoup de temps dans la journée pour trouver un moment pour me  consacrer à une activité et le courage de m’investir pleinement dans celle-ci. Cependant, il ne pleut pas toute la journée, un rayon de soleil vient nourrir mon imagination et je peux enfin profiter d’un moment de détente pour me concentrer sur ce qui m’est cher.

Après le décès de mes  frères, Je me suis isolé du monde, gardant au plus profond de moi, mon passé qui me trouble encore à présent. Il fallait pour moi, trouver un sens à ma vie. C’est pourquoi, dans un premier temps, j’ai entrepris des études de graphisme, illustration afin d’obtenir un diplôme et travailler dans le domaine de la publicité et la communication. Après trois ans dans cette profession, je me suis arrêté, car la maladie prenait une place de plus en plus grande dans mon quotidien, il était temps pour moi de me consacrer à une autre activité un peu moins contraignante. Le dessin était la seule solution pour rester dans mon domaine de prédilection et je pouvais le faire à la maison tout en conciliant mes traitements. Mon moral, était au plus bas, mais je ne pouvais pas abandonner l’idée, qu’un jour, je pourrai retrouver la santé.

Après quelques cours de dessin, sculpture, j’ai commencé à réaliser des dessins  qui m’apportaient un peu d’espoir dans ce quotidien si morne et sans saveur. Le dessin en noir et blanc était à ce moment-là,  l’image de mon moral. Chaque dessin  que je réalisais me faisait voyager, je construisais tout un monde de découverte et d’aventure. Je m’échappais peu à peu à la réalité qui me terrorisait, c’était une forme de thérapie pour ne pas succomber dans une dépression.

 Je me suis consacré au dessin un peu plus chaque jour. Puis vint le jour, ou ma santé ne me permettait plus le temps et le courage de continuer. J’étais  si mal, qu’une hospitalisation était obligatoire, c’était le début de la fin. Pendant cette période, qui a duré plus d’un an, j’ai fait la connaissance de deux infirmières qui m’ont redonné le goût de la vie et qui m’ont sorti de cette longue dépression  dans laquelle j’étais depuis des années. L’espoir d’une vie meilleure était à portée de main. Le sept septembre 2007, à l’âge de 33 ans, on m’a greffé des deux poumons. Une période difficile, qui dura quatre mois entre doute et incertitude sur mon avenir. Puis deux ans difficiles pour reprendre des forces et confiance en moi.

C’est à ce moment-là, que j’ai réalisé des dessins couleurs au pastel. Ce changement était le signe que j’allais enfin tourner la page de mon passé et qu’un nouvel élan d’espoir venait de naitre. Toutes mes créations sont inspirées par le souvenir des personnes qui ont comptées pour moi ainsi qu’à mon passé qui inconsciemment, ne cesse de ressurgir.

L’art est la façon la plus évidente pour m’occuper l’esprit et embellir mon quotidien. Je suis face à mes créations chaque jour, je peux dire que j’y consacre tout mon temps. Difficile pour moi de parler de mes créations, d’exposer. Je suis toujours aussi motivé, car pour moi, cela est devenu une passion, mais il y a derrière cet enthousiasme, un petit goût amer que je ne peux dissiper.

Ma vie d’artiste :

Après mon école de graphiste et illustration, j’ai pris des cours de dessin, pendant quelques mois pour apprendre les bases et trois mois pour apprendre le modelage dans un atelier de sculpture avec un professionnel.

Depuis mes premières créations, je me projette dans un monde que je crée au fur et à mesure. Chaque coup de crayon, est une nouvelle destination, je découvre de nouveaux paysages, je peux traverser le monde, visiter d’autres pays. Je peux ainsi me retrouver dans des pays exotiques, parler avec des peuplades  du nord au sud du globe sans pour autant bouger de chez moi. Je suis le héros et je peux enfin vivre à travers cette aventure qui ne dur qu’un court moment. J’ai un sentiment de liberté. Après avoir terminé ma création, je garde en mémoire cette aventure qui m’est personnel. Le dessin est la seul preuve que je n’ai pas rêvée.

J’ai essayé plusieurs techniques, afin de me familiariser avec chacune d’entre elle que ce soit de l’encre de chine, marqueur, fusain, crayon de couleur ou pastel. J’ai toujours pris un grand plaisir à les utiliser et je dois dire que les marqueurs pour les paysages en noir et blanc, il n’y a rien de mieux à mes yeux.

Pour mes dessins  en couleurs, c’est autre chose. Dans un premier temps, j’ai commencé par le pastel sec car je trouvais que les couleurs se mélangeais très bien ensembles mais très difficile à appliquer et me procurais beaucoup de poussière. C’est pourquoi, par-là suite, le Pastel à la cire était plus approprié. Mes inspirations se portent essentiellement sur des visages et masques stylisés et tout ce qui se rapporte à ma famille. Je travaille directement sur le papier, sans utiliser de crayon au préalable, il faut juste pour moi de l’imaginer avant.

Pour la sculpture, j’ai commencé par le modelage, car il n’y a aucune limite à mon imagination, contrairement au bloc de pierre, ou l’on ait très limité par la forme au départ. Je pouvais faire des décors en mélangeant des personnages et divers éléments de la nature, recréer mes dessin tout en trois dimensions. Je pars sur une idée au départ mais je ne sais jamais ou cela va finir. Par-là suite j’ai sculpté sur de la pierre tendre et de la pierre  thermique. C’était une façon pour moi d’essayer d’autres matières.

Exposition au Salon d’automne de Thibivillers (60240), du 12 au 20 octobre 2013. Présentation de Pastel cire.

Exposition au salon des Artistes Chaumontois, du 2 au 10 février  2013, organisée par l’office de la culture de Chaumont-en Vexin ( 60240). Présentation de Pastel cire, noir et blanc.

Exposition à l’église de Fleury du 9 au 15 juin 2018, organisée par ma famille suite á mon décès.

Exposition au Crématorium de St Ouen l’Aumone le 13 juin 2018, organisée par ma famille lors de ma cérémonie d’obsèques.

Exposition à Suresnes organisée par l’association Florine, de février 2010 à novembre 2011. Présentation de fresques en noir et blanc, pastel sec, cire et sculptures.

Exposition à la douzième semaine du Marais chrétien du 13 au 22 mars 2009 dans l’église du saint sacrement à Paris. Présentation de pastel sec.

Date de dernière mise à jour : 15/06/2018

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